© Muzeum Pałacu Króla Jana III w Wilanowie
   |   21.10.2008

Amphore


AMPHORE À FIGURES ROUGES

Peintre de la Gigantomachie du Louvre
Athènes, vers la moitié du Ve siècle ap. J.-C.
Terre glaise, technique de la figure rouge ; 52,1 x 26,2 x 26,2 cm
N° d'inventaire : Wil. 5406

Cette magnifique amphore de forme classique, aux anses torsadées, ornée d'une peinture représentant les adieux d'un guerrier à sa femme et son père, avec trois figures d'hommes vêtus de manteaux, était considérée par Stanislas Kostka Potocki et par ses contemporains, chercheurs et connaisseurs en art, comme l'objet le plus splendide de sa collection de vases antiques.

En comparaison avec les autres collections rassemblées à l'époque en Pologne, celle de Potocki est exceptionnelle : elle comprend non seulement des oeuvres achetées mais aussi des objets découverts au cours des fouilles archéologiques menées personnellement par ce collectionneur à Nole près de Naples entre 1785 et 1786. La centaine de pièces de la collection ont été conservées jusqu'à nos jours au palais de Wilanów, bien qu'il soit difficile de dire aujourd'hui lesquelles ont été réunies par Potocki lui-même. La collection a en effet été agrandie par son petit-fils Auguste, grâce à l'acquisition en 1853 des pièces accumulées par la famille Mikorski de Słubice. Après la Seconde guerre mondiale, l'ensemble de la collection a été repris par le Musée National de Varsovie. Les pièces de la plus grande valeur, dont l'oeuvre du peintre de la Gigantomachie du Louvre, enrichissent à l'heure actuelle l'exposition permanente de vases antiques présentée par ce musée.

Les propos de Potocki lui-même témoignent de son admiration pour le vase qu'il a acheté (c'est aux études menées par Maria Ludwika Bernhard que nous devons la découverte des notes relatives à ce sujet dans les documents d'archives et les écrits anciens). Quand le 3 février 1786, Potocki écrit de Naples à son épouse pour l'informer de sa nouvelle acquisition et que le 1er avril de la même année, il lui envoie de Rome un message dans lequel il décrit sa collection, il parle de cette amphore comme du plus beau spécimen du genre qu'il ait jamais vu (Lettres de Potocki à son épouse, 50 et 66). Dans l'inventaire de sa collection, rédigé probablement en 1794 et qui a subsisté jusqu'en 1944, cette oeuvre d'art se trouvait en première position sur la liste des cent quinze récipients qu'il avait réunis. Il mentionne également cette amphore dans son ouvrage principal De l'art chez les Anciens ou le Winkelman polonais, datant de 1815, où il définit les critères selon lesquels il choisissait les objets et où il informe le lecteur que le vase provient de l'ancien Séminaire de Nole : Pour ma collection, je recherchais non pas les objets de grandes dimensions, mais la précision du dessin, la variété des formes, la beauté de l'argile et du vernis, ainsi que divers styles artistiques, ordonnés et classés de manière à ce que, si je puis dire, ils témoignent de la chaîne d'évolution historique, des débuts hésitants jusqu'à la plus parfaite maturité et force de l'art. Bien que ma collection ait souffert des nombreuses révolutions qui ont secoué notre pays, il me reste cependant quelques pièces particulièrement remarquables, telles que le vase de Nole, orné de figures mesurant plus d'un palme de hauteur, du plus beau style grec ; aucun autre vase de Nole ne porte de figures de ces dimensions impressionnantes. Par le passé, ce vase ornait le séminaire de la ville, où on le décrit depuis longtemps de façon élogieuse, ce qui prouve l'estime dont il jouissait, pour ainsi dire, au pays d'origine des récipients de Campanie.

Barbara Szelegejd