© Muzeum Pałacu Króla Jana III w Wilanowie
   |   05.02.2007

Bateaux à voile près de la côte


BATEAUX À VOILE PRÈS DE LA CÔTE

Simon de Vlieger ? (1601-1653)
Pays-Bas, première moitié du XVIIe siècle
Peinture à huile sur bois ; 46 x 74 cm
N° d'inventaire : Wil. 1666

En règle générale, les peintres marinistes hollandais ne donnaient jamais à leurs tableaux la forme d' « impressions subjectives ». Fiers de leur pays dont une grande partie avait été conquise au cours de batailles navales, ils connaissaient parfaitement leur sujet : la navigation, les modèles et la construction des navires, ils avaient même souvent des notions de la stratégie des combats en mer. Les Hollandais se flattaient de savoir toujours mieux dompter la mer, leur seconde patrie, grâce à un système de canaux et de digues, et à leur flotte de guerre, au-delà des frontières. En témoigne le marché florissant des tableaux glorifiant la puissance de la marine de commerce et des biens outre-mer.

Parmi les chantres de la mer, Simon de Vlieger, auteur présumé des Bateaux à voile près de la côte, est l'un des meilleurs peintres de paysages hollandais. Il a travaillé avant tout dans sa ville d'origine, Rotterdam, à Delft ainsi qu'à Amsterdam. Il a probablement étudié la peinture dans l'atelier de Hendrick Cornelisz Vroom. Parmi ses propres élèves, l'on compte Willem van de Velde le Jeune et Jan van Cappelle. Vlieger a activement participé à l'essor de la peinture des marines aux Pays-Bas. Ses paysages sont une anticipation des oeuvres de Jacob van Ruisdael et Meindert Hobbema.

À ses débuts, Vlieger a peint de dramatiques côtes rocheuses dans le style de Porcellis, aux tons monochromes, puis il s'est plu par la suite à représenter de vastes vues tranquilles de la mer, à la composition structurée, comme le tableau de Wilanów. L'artiste se servait de la lumière avec la sensibilité d'un poète, ses paysages brumeux étaient éclairés par les rayons du soleil tamisés par les nuages. Il a vu la beauté majestueuse des silhouettes de voiliers stationnant dans un port, en les peignant avec des couleurs claires, lumineuses. Il savait rendre la mélancolie pittoresque des côtes et des rades, sans doute parce qu'il les regardait d'une autre perspective que la majorité des peintres de marines, non de la mer mais du bord de l'eau, parfois d'une petite colline.

Les Bateaux nous charment grâce au glacis subtil couvrant l'étendue d'eau lumineuse de la large baie. La surface unie de la mer crée un contraste avec le ciel couvert de nuages, que le soleil éclaire. La palette des couleurs est empreinte d'une sobre modération, mais elle n'en est pas pour autant privée d'une finesse qui transparaît dans des nuances de teintes. L'on remarque au lointain les silhouettes des navires nimbées de lumière, visibles en ligne basse sur fond d'horizon. Nous voyons là une scène de la vie quotidienne du port, probablement le ravitaillement d'un navire à voile (un galion ?) visible au second plan, par deux barques d'approvisionnement à voilure à espar.

Dominika Walawender-Musz