Figurine
FIGURINE - LA MARCHANDE DE FLEURS
Johann Carl Schönheit (1730-1805) - modèle de 1767
Meissen, fin du XVIIIe siècle (avant 1774 ?)
Signature en bleu de cobalt sous le vernis, représentant deux épées croisées, avec un point entre les poignées et un X en dessous
Porcelaine, peinte sur le vernis, dorures ; 48 x 21,5 x 16,5 cm
N° d'inventaire : Wil. 4156
Cette magnifique figure en porcelaine est l'un des rares objets de céramique dont les origines sont connues. En 1800, elle a été achetée par Stanislas Kostka Potocki lors de la vente des oeuvres d'art ayant appartenu à Rogaliński, afin de compléter la collection d'objets en porcelaine du palais de Wilanów, dépareillée à cette époque. Dans ses lettres à son épouse, Potocki parle des émotions soulevées par les enchères, et dit qu'il pensait que ses nouvelles acquisitions remplaceraient avantageusement les objets emportés à Łańcut par sa belle-mère, Izabela Lubomirska : J'ai acheté aussi quelques trois bibelots en porcelaine de Saxe pour un prix très modique, pas très jolies (...) Personne n'a participé à la licitation, à part moi et des Allemands, je crains qu'un grand berger et sa tendre compagne ne m'échappent [en français dans le texte - NDT] parce qu'un certain Prussien en est tombé amoureux, ce sont de grosses machines, (...) je ne vais cependant pas les payer plus de cinq ou six ducats (Lettres de Potocki à son épouse, lettre du 2 octobre 1800). Bien qu'elles soient de dimensions importantes, il est difficile de retrouver la description des figurines de Wilanów dans l'inventaire dressé en cette période, énumérant les objets faisant partie de l'aménagement du palais en 1832. Dans l'inventaire en question, l'on s'est servi de brèves caractéristiques, telles que « deux figurines debout ». L'inscription en peinture rouge qui reste lisible sur le piédestal de la figure de la marchande de fleurs, renvoyant à un inventaire postérieur à 1850 (après 1856), permet de constater que les deux figures ornaient en ce temps-là deux armoires du Cabinet de l'aile occupée dans le passé par Lubomirska, et qu'elles étaient posées sur des socles sculptés et couverts de dorures. Elles n'ont sans doute pas changé de place jusqu'à la Seconde guerre mondiale, où elles ont été réquisitionnées par les Allemands. Seule la figure du personnage féminin a été récupérée par la suite et confiée au Musée National de Varsovie, pour revenir 1991 dans le palais de Wilanów où elle avait passé presque un siècle et demi.
Parmi les nombreuses figures sculptées confectionnées à la manufacture de Meissen, la plupart sont des figurines ou groupes de plusieurs personnages de petites dimensions, qui pouvaient être placés sur une table au milieu des couverts, sur des consoles ou encore sur les étagères d'une desserte. Les figures de grandes dimensions sont plus rares, parce qu'elles étaient plus difficiles à cuire dans les fours et qu'il était moins aisé de les exposer. La dame au chapeau, mesurant presque un mètre cinquante centimètres, qui tient à la main un panier de fleurs (modèle B 65), appelée marchande de fleurs, bergère ou jardinière, avait par le passé, dans la collection de Wilanów, un compagnon (modèle 2686) avec lequel elle formait un couple. Son auteur, Johann Carl Schönheit, avait à ses débuts été l'assistant du fameux modeleur de Meissen, Johann Joachim Kaendler, puis il avait travaillé aux côtés de Michel Victor Acier, venu de France, pour enfin créer ses propres oeuvres à partir de 1764/1765. Le personnage de la marchande de fleurs, gracieux et subtile, a été exécuté peu de temps après le personnage masculin, et témoigne du grand talent de l'artiste.
Barbara Szelegejd
